Chers concitoyens, Un jeune officier - Maurice – écrivait à son épouse ceci : « La neige tombe et demain nous ne verrons plus les cadavres des Français qui nous séparent des tranchées allemandes. Tous ces morts sont tombés sans nécessité et, peut-être pour permettre seulement de faire un rapport montrant notre activité. Mais qu’importe, ils sont morts bravement, en faisant leur devoir et si celui qui les envoyés à la mort est coupable ou bête, eux n’en ont pas moins été courageux et leur conduite n’en aura pas été moins belle. » Il fallait se battre ici et au bout du monde. Il fallait se battre même si le sens de l’action n’apparaissait pas toujours nécessaire. En ce 11 novembre 2025, nous célébrons le 107 ème anniversaire de l’armistice de 1918 et nous faisons mémoire du 111 ème anniversaire du début de la première guerre mondiale qui restera comme une tâche brulante dans l’histoire de l’humanité. Il y a 111 ans, on croyait que la guerre ne durerait que quelques semaines. Les hostilités armées ont duré quatre ans sans interruption. On pensait que la guerre ne concernerait que l’Europe, elle embrasa le monde. Tant de vies fauchées, de destins interrompus, de familles bouleversées, tant de souffrances, … tant d’abjection et de violences, … tant d’héroïsme et de bravoure, d’actions d’éclat et d’humbles sacrifices sans lesquels rien n’aurait été possible.Il y a 107 ans, le 11 novembre 1918 devait marquer la fin de la « der des der » dont on mesure, aujourd’hui, qu’elle fut plutôt, amplifiant les échos des défaites du siècle précédent, le présage de déchaînements et de déchirements dont nous aimerions croire que nous sommes sortis, mais nous voyons bien qu’il n’en est rien. A quelques heures de nous, les combats font rage et des tranchées balafrent encore le sol européen. Le 21 ème siècle n’a que 25 ans et, déjà, se dessinent des enjeux majeurs, tous marqués par l’accélération de l’Histoire et le danger pour nos démocraties. La démocratie est une promesse toujours inachevée. Au fur et à mesure que progressent les libertés, le bien-être et les conquêtes sociales, les inégalités qui subsistent, même minimes, deviennent insupportables. Si chacun est libre de s’accomplir, chacun peut se comparer, et donc être frustré. C’est donc une société qui produit de la déception et la fatigue d’être en permanence responsable de son destin. S’y ajoute, désormais, la formidable accélération des réseaux que j’appelle « asociaux ». Alors que les sociétés humaines ont toujours eu un besoin vital de valeurs communes, et la démocratie encore plus, les créateurs de ces réseaux ont très vite compris que ce qui créait le plus de « buzz », donc le plus d’abonnés, donc le plus de publicités, dont le plus de profits, était le contraire des idéaux démocratiques : l’émotion contre la raison, l’injure au lieu de la courtoisie, la menace au lieu du respect. Les démocraties me paraissent en danger. Elles l’ont toujours été et, très certainement, elles vont changer mais ne vont pas périr. Mais cela dépend de nous. Et ça n’a pas changé depuis vingt-cinq siècles, quand Périclès disait aux Athéniens : « Vous devez combattre pour vos lois comme pour vos murailles ». Hölderlin, poète et philosophe allemand, disait lui : « Il y a tout à défendre, il faut être fidèle » Soyons fidèles à nos lois, soyons fidèles à la démocratie. Alors souvenons-nous, en regardant cette stèle, que de jeunes L’Hermois sont tombés au combat pour défendre notre Pays et la démocratie. Soyons dignes de leur mémoire car le monde dans lequel nous vivons est en ébullition. Je vous remercie.