Commune de L'Herm

Ariège Pyrénées

Commune de L'Herm

Discours du Maire pour la commémoration du 8 mai 1945

Article publié le 19/05/2025

Mesdames, Messieurs, Chers Concitoyens,
Dans un monde en pleine mutation, où nous sommes submergés chaque jour par un flot d’infos continu, d’images chocs et de fausses vérités, ou l’agressivité prend le pas sur le respect, ou le sens de la formule a plus de poids que l’argumentation, n’oublions pas aujourd’hui d’où vint ce mal.
Ce Mal qui rongea l’Europe au siècle passé.
En Allemagne, en Italie, en Espagne, comme en France, le nazisme, le fascisme, le franquisme et le vichysme ont prospéré sur un mal profond. Les conditions brutales de la fin de la première guerre mondiale, la crise de 1939, l’appauvrissement des peuples, le mal être en tout ce qui nourrit l’angoisse, le désespoir, la peur et, finalement, la peur de l’autre.
Le feu sombre qui conduisit à cette conflagration mondiale couve encore sous les cendres.
Les idées des extrêmes empoisonnent…
Les missiles de Poutine écrasent, en ce moment même, l’Ukraine.
La surenchère guerrière, malgré des appels à l’arrêt des combats, se fait de plus en plus présente, comme si une quelconque issue pouvait être trouvée de ce côté-là.
L’histoire est là pour nous interpeller !
Employons-nous à ce qu’elle ne se répète pas.
Ce 8 mai, nous ne célébrons pas seulement la victoire militaire mais, avant tout, une victoire morale, une victoire du bien contre le mal, de ce qu’il y a de plus grand dans l’homme contre tout ce qu’il y a de pire en lui.
Alors depuis le 8 mai 1945, nous célébrons cet anniversaire pour nous rappeler que :
Par-delà les frontières, les soldats ont fait preuve de solidarité,
Par-delà la peur, les soldats sont venus combattre,
Par-delà l’humanité, ils ont fait la guerre et, parfois, ne sont pas revenus…
Il y a 80 ans, à Berlin, la France surmontait, « l’étrange défaite » de mai 1940 et l’esprit de collaboration.
La délivrance est là. Et en même temps que les larmes de joie, la douleur fait briller les yeux des Françaises et des Français.
Car la victoire si heureuse soit-elle, n’efface ni la guerre qui a eu lieu, ni ses ravages et ses morts.
La recrudescence de la violence à caractère raciste et toute la violence quelle qu’elle soit, constitue une grave menace pour la cohésion de la République, dont les maires et les conseillers municipaux sont les artisans du quotidien.
Aujourd’hui encore, il faut donc avoir une grande défiance envers ceux qui proposeraient cette seule clé, qui ouvrirait toutes les serrures…
Quand l’on nous promet que d’une seule clé toutes les portes vont s’ouvrir, un jour, un jour peut-être. Réfléchissons, non à la porte, mais au chemin que nous voulons emprunter…
L’avenir est une fiction du temps. Tout comme les discours, qui s’y rapportent, sont des fictions de maîtrise, la maîtrise du cours des choses. Le bonheur ne peut être qu’au présent. Seul, le présent peut faire accueil au courage de la vérité.
De même, la Fraternité, la Liberté et l’Égalité n’existent qu’au présent. C’est en comprenant cela, et seulement alors, que nous saurons placer les forces de courage que nous devons mettre en œuvre pour ne céder à aucune des sirènes de démagogie.
« Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent » disait la résistante Lucie Aubrac.
Pour que l’histoire ait un sens, pour que la bravoure et le sacrifice de nos morts, blessés, déportés et prisonniers soient reconnus à leur juste valeur, il nous faudrait, peut-être, admettre que la catastrophe n’est pas à venir, mais que la véritable catastrophe, c’est que les choses continuent à aller ainsi. Que l’on soit élu ou citoyen, il faut alors beaucoup de courage pour agir. Il faut le courage de la vérité. Il est facile et tentant de se reporter sans cesse à l’avenir, comme menace ou même comme promesse de jours meilleurs, peu importe. Mais toujours avoir à l’esprit que la mémoire n’est pas un fardeau mais une lumière.
Aujourd’hui 80 ans après, je voudrais rendre hommage à un homme portant le matricule 28685IIE parti le 1er septembre 1939 de sa ferme de Lieu vers les rives du Rhin. Le 16 mai 1940, il est fait prisonnier dans les Ardennes avec ses camarades de combat, abandonnés par leurs chefs et sans munitions.
Le 6 février 1945, il a été libéré par les Russes et ne rentrera dans son foyer à Lieu que le 22 juillet 1945 après maintes péripéties et souffrances.
Cet homme s’appelait Alphonse. C’était mon père.
À son départ, sa fille cadette avait presque deux mois, quand il est revenu de captivité, elle avait six ans.
Les conflits armés sont terribles même quand on leur survit.
Je vous remercie.