Commune de L'Herm

Ariège Pyrénées

Commune de L'Herm

Discours du Maire pour la commémoration du 11 novembre 1918

Article publié le 12/11/2024

Chers concitoyens, Après quatre années d’une guerre devenue interminable, le 11 novembre 1918, à l’aube, l’armistice était enfin signé en forêt de Compiègne entre la France, les Alliés et l’Allemagne. Cet armistice mettra un terme à ce que l’historien François Furet rebaptisera « La guerre civile Européenne ». Le bilan macabre à l’échelle mondiale est porté à 18,6 millions de morts. Nous, contemporains, sommes pris de vertiges lorsque nous énonçons ces chiffres qui traduisent une véritable industrie de la mort. Une industrie de la mort qui n’a épargné aucune classe sociale, aucune province, presqu’aucune commune, ni famille de France. A notre échelon, L’HERM pleure la perte de 20 de ses fils. Et à ce lourd bilan, il faut ajouter le sacrifice des femmes, qui ont remplacé les hommes aux champs ou à l’usine. Célébrer ses héros morts pour la France durant la Grande Guerre, c’est ne pas oublier que nos soldats continuent de tomber sur le champ d’honneur pour que la France demeure libre et souveraine. La fin des combats de la Grande Guerre a marqué les consciences et imprégné les mémoires. Évènement qui transcende le temps et franchit les générations. Nul besoin d’ajouter une année ou un millésime, ce jour et ce mois ont intégré depuis plus d’un siècle notre patrimoine commun. Derrière l’allégresse, derrière le tricolore flottant aux fenêtres et les Marseillaises triomphantes, partout le deuil, les blessures inguérissables, les ruines matérielles, morales et humaines qui se sont installés pour longtemps. Le pays est traversé par la sourde évidence que rien ne sera plus comme avant. Néanmoins, la guerre a été si terrible, si effroyable, que même dans le camp des vaincus on se réjouit qu’elle s’arrête. Ainsi l’autrichien Stefan Zweig écrit cet automne-là : « Tu te réjouis, bien sûr, femme inconnue, car c’est la paix qui vient ! Ils vont grandir les garçons que tu tiens par la main, et tu pourras les quitter sans crainte, l’âme légère, la mort précoce ne planera plus sur les hommes, il n’y aura plus de mitrailleuse pour les massacrer. Tu pourras joyeusement laisser venir ton enfant dans le monde, l’ombre du meurtre ne passera plus sur son berceau. Souris donc, Jeune femme, souris, c’est la paix qui vient sur terre. » Nous savons que des personnalités de ce temps ont tenté de parer à ce conflit qui couvait, sous la soif de revanche, depuis la guerre de 1870. Sous les ardeurs de nationalistes exacerbés, Sous les appétits de puissance et de richesse des grands empires, Sous l’implacable mécanique des alliances organisées pour dominer, La voix de Jaurès, bien sûr, résonne dans nos mémoires. Celle de Léon Bourgeois, aussi, Celui-ci, prix Nobel de la paix, travaillait d’arrache-pied pour faire avancer une coordination internationale capable d’éviter les conflits : La Société des Nations Nous savons aujourd’hui que celle-ci constitua un édifice bien trop fragile pour s’opposer aux tensions de la première moitié du XXème siècle. Mais l’Organisation des Nations Unies a bien progressée depuis. Difficile, très difficile de parler de Paix alors que le monde s’embrase. Devant l’horreur, nous sommes démunis. L’homme moderne appelé, dès son apparition, : sapiens sapiens du latin sapio : « Intelligent, Prudent, Raisonnable », a surpassé toutes les attentes placées dans cette nomination. C’est la seule espèce au monde qui se détruit, en même temps, qu’elle détruit tous les êtres vivants sur terre. En même temps, cet homme moderne, qui a inventé la musique, la coopération, la peinture, la science, etc, …, a pensé qu’il allait renaître du Chaos, en « mieux », en « augmenté ». Hélas, nous assistons à une succession de désastres, à la litanie de massacres et de violations du droit comme de la morale. Et cela va sans doute continuer. C’est trop dit-on ! Que peut-on faire ? Les mots manquent. 14/18 des millions d’hommes sont morts. Leur sacrifice a-t-il été vain ? Ce qui nous interpelle aujourd’hui, c’est la dimension proprement incroyable du courage collectif dont les combattants ont fait preuve. La pire réponse à apporter serait celle de la division ? Des gouvernants opportunistes, des nouveaux tenants d’un populisme à courte vue exploitent les peurs et les frustrations des citoyens. Les lignes de fractures se dessinent chaque jour plus nombreuses, et nous ne pouvons plus ignorer la fragilité du moment. Veillons à ne pas être aspirés dans cette spirale destructrice. Par la solidarité, la tolérance et le respect mutuel, nous devons tourner le dos à l’individualisme forcené et faire émerger les lignes collectives de notre maison commune. Nous le savons la plupart des combattants ne nourrissaient aucune haine pour ceux d’en face, en qui ils voyaient en miroir, des semblables, victimes de la même machine à broyer les hommes. Les grandes dates de notre histoire ne donnent pas seulement matière à commémoration, elles éclairent continuellement, et à chaque fois de manière différente, notre présent. Ici, à L’HERM, à travers l’union de toutes nos générations, prenons le serment d’être artisans de Paix. Soyons fiers et soyons en dignes Je vous remercie de votre écoute.