Commune de L'Herm

Ariège Pyrénées

Commune de L'Herm

Discours de monsieur le Maire pour la cérémonie du 11 novembre 2023

Article publié le 13/11/2023

Chers concitoyens,
En ce 11 novembre 2023, nous sommes ici réunis devant ce monument aux morts de notre commune afin de commémorer l’armistice du 11 novembre 1918, il y a aujourd’hui 105 ans. 52 mois après le début des hostilités. Depuis 1922, la date du 11 novembre est un jour de commémoration nationale. Voila donc 101 ans que la république célèbre dans tout le pays la victoire remportée en 1918 au prix de centaines de milliers de morts et de « gueules cassées ». Cette victoire nous mena à la paix. Une paix malheureusement précaire.
Il y a 11 ans, cette date est aussi devenue un jour d’hommage rendu à toutes celles et ceux qui ont donné « leur vie pour la France ». Il y a 5 ans à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, Vladimir Poutine était à Paris, sous l’arc de Triomphe aux côtés d’Angela Merkel, Donal Trump et d’Emmanuel Macron.
A ces ennemis d’hier réunis pour honorer la mémoire des anciens combattants, le Président de la République avait lancé : « Additionnons nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs ». Cinq années plus tard, la peur saisit l’Europe de toute part. Hélas, le 24 novembre cela fera 21 mois que la Guerre est de retour en Europe et, comble d’ironie, on y retrouve des ingrédients de la Grande Guerre, tels que les tranchées qui figent le front et le rôle déterminant de l’artillerie. D’autres foyers s’allument un peu partout dans le monde, en Arménie, entre Israël et la Palestine, dans les pays d’Afrique et bien d’autres encore. Parallèlement, les populismes partout se renforcent. Mais qu’apprend-on de l’Histoire ? Qu’a-t-on appris des horreurs des deux guerres mondiales ?
La mémoire est-elle si courte qu’il suffit de deux générations pour , de nouveau, se laisser bercer par les discours extrêmes, pour oublier les souffrances endurées, pour ainsi renier la mémoire de celles et ceux qui se sont battus contre la barbarie pour notre liberté à tous ? C’est pourquoi, en ce jour de commémoration qui, compte tenu du contexte, revêt un aspect particulier et doit servir d’alerte. La France d’aujourd’hui ne peut et ne doit, en effet, pas oublier la somme d’héroïsme, de courage surhumain de nos soldats d’alors, ni les souffrances de leurs familles, ni la solidarité extraordinaire qui s’est faite jour dans les tranchées, comme dans l’ensemble du pays. Elle ne doit pas non plus oublier ces soldats découragés par l’horreur de ces combats et des tranchées où planaient l’odeur de la mort, et qui, un jour, refusèrent de combattre. Eux aussi contribuent à notre mémoire collective.
Parce que la paix ne dépend finalement que de nous, il convient d’enseigner aux jeunes générations qu’elle régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit d’une compétition absurde entre les peuples et, pire encore, qu’elle disparait quant la soif du vivre ensemble et de construire un monde de fraternité et de progrès s’amenuise. En cette journée du 11 novembre 2023, il n’est pas trop tard pour continuer à faire de ce siècle, un siècle de progrès pour l’enfant qui s’éveille, et un siècle de fraternité entre les peuples. Célébrer la mémoire de ces combattants, c’est donc aussi mesurer tout ce qui aurait pu être fait par ces hommes sacrifiés, disparus au seuil de leur vie d’adulte. C’est donc aussi mesurer le manque à vivre, le manque à aimer, le manque à créer qu’aura entraîné cette guerre. Serions nous condamnés à répéter nos errements comme se le demandait Romain Rolland en 1914 : « N’y a-t-il pas de meilleur emploi au dévouement d’un peuple que la ruine des autres peuples ? Faut-il que le « plus fort » rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse et que les autres perpétuellement s’unissent pour l’abattre ? A ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n’y aurait-il jamais de fin, jusqu’à l’épuisement de l’humanité. » Cela doit nous faire méditer que la paix est, finalement, très fragile. C’est pourquoi nous devons, sans relâche, défendre nos valeurs républicaines afin de tenir à distance le bruit des armes.
Par terminer, je citerai Jean Jaurès, assassiné en 1914 pour avoir tenté jusqu’au bout d’arrêter la marche vers le néant. Il écrivait : « L’humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. » Je me permets de formuler le vœu que nous mettions notre courage au service de la paix, de la fraternité, de l’égalité et de la laïcité. Vive la Paix. Je vous remercie de votre attention.