Commune de L'Herm

Ariège Pyrénées

Commune de L'Herm

Discours du maire de L'Herm pour la commémoration du 8 mai

Article publié le 09/05/2023

Mes chers concitoyens, En ce jour solennel de commémoration, l’Europe, symbole de liberté et de démocratie, issue de la volonté des peuples à vivre ensemble dans un espace de paix, connaît la déstabilisation à sa porte et un nouveau théâtre de guerre. Nos frères, peuple de la frontière, vivent à nouveau des heures extrêmement difficiles après les précédentes annexions et, c’est toute une nation, libre qui est à feu et à sang, sous le joug des pires atrocités, corolaires de toutes les guerres et qui touchent indifféremment civils et militaires. Aujourd’hui, voilà 78 ans que l’Europe et la France, en particulier, se libéraient du joug de l’envahisseur. Notre rassemblement pour cette cérémonie est là pour témoigner de notre reconnaissance éternelle à toutes celles et à tous ceux qui, bien que venus d’horizons différents, sont morts pour la France, au nom de la liberté, pour notre liberté… Que penseraient-ils s’ils revenaient aujourd’hui ? La paix d’alors, et celle qui demeure aujourd’hui, bien que très fragile, doit beaucoup à ces résistants. Quant on évoque cette période, celle de la guerre d’occupation, l’honnêteté commande de ne pas occulter la part d’ombre qui fût la nôtre. La France a subi les délations, la honte de la collaboration, celle du régime de Vichy, de « ses petites mains sales » miliciennes et de ses élites ministérielles collaborationnistes. De nos jours, qui peut affirmer que la paix est à jamais acquise ? Chacun sait qu’elle est un bien commun, précieux, mais fragile. Avons-nous oublié qu’une guerre fratricide pouvait ravager le continent Européen ? Et ce qui se passe en Ukraine n’est pas pour nous rassurer. Avons-nous oublié que la crise de 1929 fût le terreau de la guerre ? Celles et ceux qui comme moi sont nés immédiatement après la guerre, doivent se souvenir avec humilité de cette période, que leurs parents leurs rapportèrent. Nous n’avons pas été les témoins directs de cette tragédie. Nous sommes ici pour préserver le droit à la différence. Nous n’avons pas vu les camps de concentration, ni les champs de bataille mais il y avait les récits de nos parents. De mon père, en particulier, qui avait passé cinq interminables années en captivité. Nous n’avons pas été confrontés à des choix dramatiques, personnels ou collectifs. Pour autant, se souvenir est une obligation ardente. Il est de notre devoir de ne pas oublier les causes qui entraînent la guerre et les conséquences qu’elle amène à son tour. Il est de notre devoir de nous souvenir quelles valeurs nous ont transmises ceux dont les noms sont gravés sur ce monument, ainsi que ceux qui sont revenus du front, sans oublier les prisonniers qui avaient perdu tout repère après des années d’isolement, loin de leurs familles. J’ajouterai les armées de l’ombre qui, à partir du Col de Py, se déployaient pour harceler l’occupant et participer à la libération de nos villages et villes. Cela sous la direction du Commandant Robert qui, depuis son Espagne natale, à l’automne de sa vie a souhaité que ses cendres soient dispersées dans la forêt du Col de Py. 78 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, nous vivons à nouveau dans un monde en proie au chaos intellectuel et moral, dans un monde confronté à la résurgence des idéologies de la haine et défié par des fanatismes religieux qui tuent au nom de « leur vérité ». Nous devons réaffirmer les valeurs de notre république, pour la liberté contre l’oppression, pour l’égalité contre les postulats différentialistes, pour la fraternité contre l’intolérance et le fanatisme, contre la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme et les nouvelles formes de ségrégation qui pullulent, désormais, sur les réseaux sociaux. Les temps de crise que nous subissons, depuis quelques années, nous le savons bien, sont propices au développement de l’individualisme. Face à cela, nous devons au contraire rester unis et solidaires. Qui se soucie des radicaux qui, à défaut de croisades, enragent contre les offenses que le monde contemporain leur parait produire sans discontinuer ? Le pouvoir de certaines minorités de transmuer leur corps de grenouille en bœuf est un classique. Le rejet de nos institutions va grandissant, et, avec lui, la tentation de la violence, ultime moyen de se faire entendre pour les « déçus » de la démocratie. Or de plus en plus de nos représentants s’enferment soit dans la « flatterie du peuple » soit dans la négation de ses diagnostics, au nom de contraintes qui nous dépassent. Surestimer la solidité de nos institutions serait une grande erreur. La tentation est pourtant grande, surtout lorsqu’on contemple l’actualité bien à l’abri des palais de la république… Mais leur solidité ne réside pas, comme le prétendent tant d’analystes, dans leur ancienneté. Elle se retrouve uniquement dans la confiance qui leur est accordée par le peuple. Alors cette date du 8 mai 1945 doit symboliser et rappeler ces valeurs de respect et de dignité tirées des leçons de notre histoire qui doivent se transmettre de génération en génération. Car comme l’a écrit Victor HUGO « La guerre c’est la guerre des hommes, la paix c’est la guerre des idées ». Mes chers concitoyens, gardons toujours en nous ces trois grandes lumières que sont : La Liberté, l’Égalité, la Fraternité et, J’y ajouterai la Laïcité. Je vous remercie.